JAZZ
Décès du clarinettiste Artie Shaw (30/12/04)



LOS ANGELES (AP) -- Le clarinettiste Artie Shaw, figure emblématique du jazz américain des 1930 et 1940, est décédé jeudi 30 décembreà son domicile californien à l'âge de 94 ans. L'artiste était malade depuis un certain temps déjà, et serait apparemment décédé de mort naturelle, a annoncé son avocat et ami de longue date Eddie Esor.

Au sommet de sa carrière Artie Shaw avait incarné l'âge d'or du «swing», en compagnie d'autres musiciens comme Bennie Goodman, Tommy Dorsey et Glenn Miller, avant de quitter le monde de la musique dans les années 1950 pour se consacrer notamment à l'écriture. «J'ai fait tout ce qu'il est possible de faire avec une clarinette», expliquait-il à l'époque.

Il était notamment célèbre pour sa version de «Begin the Beguine», de Cole Porter, morceau emblématique de l'époque dorée des «Big Band». Initialement prévu comme une face «B», le titre avait été numéro un des ventes aux Etats-Unis pendant six semaines en 1938 et lui avait apporté la gloire, à 28 ans.
Parmi ses autres tubes, enregistrés avec son «big band» ou son quartet «Gramercy Five», figurent notamment «Frenesi», «Dancing in the Dark», «Nightmare», «Black Bay Shuffle», ou encore «Stardust».

Compositeur de la majorité de ses morceaux, il avait collaboré avec d'autres grands noms du jazz tels que Buddy Rich, Mel Torme, ou la chanteuse Billie Holiday à une époque où la plupart des musiciens blancs refusaient d'engager des artistes noirs.

Outre sa musique, Artie Shaw était également connu pour son goût pour les femmes et ses nombreuses épouses, parmi lesquelles les actrices Lana Turner (épouse numéro trois, 1940), Ava Gardner (numéro cinq, 1945) et Evelyn Keyes (numéro huit, 1957).

Né le 23 mai 1910 à New York, Artie Shaw -de son vrai nom Arthur Arshawsky- avait entamé sa carrière alors qu'il était encore adolescent, d'abord au saxophone, avant de passer à la clarinette. Après un passage au sein de l'orchestre radio de CBS, il s'était engagé dans la Marine lors de la deuxième Guerre mondiale, qu'il avait fini comme musicien pour les troupes.

Ouvertement de gauche, (»liberal»), il avait été assigné à comparaître devant la Commission des activités anti-américaines en 1953, à l'époque de la chasse aux sorcières dans les milieux du divertissement.
Réputé d'une intelligence supérieure, il détestait la perte d'intimité qu'engendrait la célébrité, était avare d'autographes et s'était aussi célèbre pour avoir qualifié des fans d»'idiots». «Je ne pourrais jamais comprendre pourquoi les gens veulent danser sur ma musique», avait-il déclaré une fois. «Elle est suffisamment bonne à écouter».

Une fois la célébrité acquise, il rechignait également à toujours jouer son tube «Begin the Beguine», regrettant que le public ne s'intéresse pas à ses nouvelles compositions. «C'est un bon morceau si l'on veut être associé à un seul morceau, mais ce n'est pas ce que je veux», se justifiait-il.

Après plusieurs semi-retraites, il avait définitivement rangé sa clarinette au milieu des années 1950. Il avait ensuite vécu quelques temps en Espagne, où il s'était fait fermier, avant de se consacrer à plein temps à la littérature. Il a notamment publié deux recueils de nouvelles, «I Love You, I Hate You, Drop Dead» et «The Best of Intentions». AP

 

NOUVELOBS.COM-jeff GILSON-| 31.12.04|